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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 12:35

On octobre 31, 2016

Agriculture : les enjeux de la pénibilité du travail

Dans le monde agricole, et plus particulièrement dans les exploitations maraîchères, la notion de pénibilité du travail est plus que prégnante… de par la diversité des tâches, la diversité des cultures, et le peu de solutions matérielles pour y répondre.

L’allégement de la pénibilité des tâches représente donc un enjeu fort en agriculture. Le développement de méthodes alternatives à la chimie, notamment sur le désherbage, induit une fréquence de passages humains ainsi que des travaux pénibles au cours des cycles végétatifs, la main d’œuvre est de moins en moins courante et disponible pour les exploitations agricoles.

Ces différents aspects font de la pénibilité du travail un enjeu fort des prochaines années, sur lequel nous devons tous nous pencher.

Des tâches ingrates, pénibles et coûteuses

En effet, que ce soit la récolte en arboriculture, la taille en viticulture, la traite en élevage ou même la gestion des enrouleurs en grandes cultures, les agriculteurs sont aujourd’hui confrontés à une multitude de tâches ingrates mais essentielles pour produire et pérenniser les exploitations agricoles.

Le maraîchage, quant à lui, se caractérise par une diversité de productions sur une petite surface, ce qui rend la mécanisation et l’automatisation des tâches complexes. De plus, le développement de l’agriculture biologique et des circuits courts implique des temps de travaux importants pour l’agriculteur notamment sur les postes du désherbage et de la récolte.

Le désherbage peut être considéré, en maraîchage diversifié AB, comme un des travaux les plus coûteux en temps et en pénibilité. En effet, en saison printanière, avec une forte occupation des sols en production, le producteur est directement confronté aux périodes de fortes levées des adventices.

Ainsi, diversité des cultures, matériel limité et surtout multiplicité des travaux, impliquent chez les agriculteurs un fort investissement humain qui trouve parfois ses limites : celles du corps.

Fréquence de déclaration des sièges de douleurs, par technique étudiée

(Source : CNAM, 2015, Activité de désherbage, Etude des risques et de l’organisation du travail).

D’après la Mutualité Sociale Agricole (MSA), les maraîchers, que l’on retrouve sous la terminologie «cultures spécialisées» et les viticulteurs, sont les plus touchés par les troubles musculo-squelettiques (TMS). L’abondance particulièrement forte de TMS chez les maraîchers met en évidence la nécessité de réduire la pénibilité du travail dans ce secteur, en commençant par les opérations les plus pénibles telles que le désherbage et la récolte.

Nombre de cas de trouble musculo-squelettiques en France par secteur agricole de 2008 à 2012 (MSA, 2014)

Pénibilité : les 10 facteurs de risque professionnel

Pour cela, appuyons-nous sur un travail réalisé par Marie Cordonnier et des données de Legifrance listant les 10 facteurs de risque professionnel pris en compte dans le cadre la pénibilité (source MFE Marie Cordonnier, Legifrance 2016) :

 

Nous pouvons donc voir que parler de pénibilité c’est surtout mettre en avant plusieurs aspects :

  • Les temps de travaux
  • La pénibilité physique
  • La pénibilité morale
  • La pénibilité technique

 Les temps de travaux

Concernant les temps de travaux, si l’on se cantonne au désherbage, il peut représenter un tiers des temps de travaux d’un maraîcher. De nombreuses études montrent qu’un maraîcher en agriculture biologique va travailler bien au-delà des 35 h/semaine, avec des pointes supérieures à la centaine d’heure par semaine en saison.

En moyenne, un maraîcher en circuits courts est mobilisé sur son exploitation entre 40 et 120 h/semaine selon les périodes (Lebon et al 2010), les week-end faisant partie du lot !

Les impacts de cette charge de travail sont multiples : la fatigue bien sûr, mais aussi les conséquences sur la vie personnelle et la vie familiale.

Cette charge temporelle de travail est très importante, souvent liée à un manque de mécanisation mais aussi de main d’œuvre. Ce manque de main d’œuvre disponible est lié à plusieurs facteurs :

  • La diminution de la main d’œuvre familiale
  • Le manque de moyens financiers pour embaucher
  • Le manque de main d’œuvre disponible qualifiée sur le marché de l’emploi français

Enfin, point important, le temps de travail est rarement corrélé au chiffre d’affaire de l’exploitation. Ainsi, il n’est pas rare d’être confronté à des exploitants qui travaillent un volume horaire important, car peu mécanisés et pas de possibilité d’embauche, pour un salaire faible.

Dire que le fameux smic horaire des métiers « classiques » est déconnecté de la réalité rurale, ne semble pas aberrant !La pénibilité physique

La pénibilité physique quant à elle est assez simple à comprendre. De par la diversité des tâches manuelles et leur répétition ; l’agriculteur est confronté à de vraies problématiques.

Le désherbage évoqué plus haut, s’il est réalisé de façon manuelle, peut s’avérer extrêmement laborieux et pénible. La récolte arrive en seconde position.

 

 

De manière générale, le corps est en souffrance car la répétition de postures pénibles va générer ces fameux TMS.

La MSA s’intéresse à 4 zones corporelles : les genoux, le dos, les épaules et les poignets. Toutes ces articulations sont soumises à rude épreuve, en raison :

  • des charges portées,
  • des efforts de traction,
  • des vibrations.

Et surtout de la répétitivité des actions.

Cette pénibilité physique a un impact direct sur l’aspect moral du travail. En effet, les douleurs récurrentes liées aux TMS vont impacter mentalement et moralement les producteurs.

Ajoutons à cela des temps de travaux importants, nous avons une somme de paramètres qui influent sur le moral des agriculteurs.

Nous pouvons nommer cela la pénibilité morale qui, couplée à des enjeux économiques liés à la rentabilité de l’exploitation, peuvent générer du stress supplémentaire.

 La pénibilité technique

Enfin, la pénibilité technique, est aussi un aspect à prendre en compte. Un maraîcher diversifié se doit d’être spécialiste de nombreuses cultures et espèces. Par essence même, cela implique un nombre d’itinéraires techniques et une maîtrise des cycles végétatifs des cultures qui n’est pas simple.

Être confronté à cela peut générer une forme de pénibilité technique si les aléas climatiques/ennuis mécaniques viennent polluer le travail de l’agriculteur et engendrer des difficultés à conduire les cultures.

Mais pensons que cette diversité des tâches et des enjeux est aussi source de valorisation personnelle, car l’on a rarement le temps de s’embêter et les maraîchers ne menacent pas de sombrer dans la routine !

 Une prise de conscience de la filière

Aujourd’hui, le monde agricole et les acteurs qui l’entourent ont pris conscience de ces difficultés.

Si nous voulons avoir des exploitations pérennes et des agriculteurs avec un niveau de vie décent, un accompagnement et des solutions doivent leur être apportés.

De plus en plus de solutions apparaissent, que ce soit dans la conduite des cultures, dans les études réalisées par les instituts techniques comme c’est le cas à la station horticole du Morbihan, ou par les industriels qui se penchent sur des solutions matérielles.

Nous ne pouvons qu’encourager ces initiatives, qui prennent en considération les problématiques réelles des agriculteurs, pour leur permettre de travailler dans de bonnes conditions et de vivre décemment de leur travail.

A chacun d’entre nous de nous pencher sur le dossier pour éviter que les agriculteurs se penchent trop souvent vers le sol.

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